Sur notre petite planète bleue, la durée d’un jour, donc “24 heures”, correspond à un tour de la Terre sur elle-même. Aux dernières nouvelles, notre planète tournerait de plus en plus vite et cela pourrait avoir un effet sur nos quotidiens.
Même si l’on affirme que la planète fait un tour sur elle-même en 24 heures, en réalité, elle a tendance à tourner de moins en moins vite, à quelques millisecondes près. Par exemple, il y a un peu plus d’un milliard d’années, un jour terrestre ne durait qu’environ 19 heures. Mais depuis quelque temps, la Terre tournerait de plus en plus vite. La tendance s’est inversée il y a environ sept ans… pour une raison encore inconnue.
C’est ainsi que le 29 juin 2022 a été le jour le plus court jamais enregistré par les horloges atomiques. On parle ici de 1,59 milliseconde de moins que les 24 heures classiques. En plus de susciter des questionnements purement explicatifs, cette accélération de la vitesse de rotation de la Terre pourrait avoir un impact sur nos vies.
Des changements sur nos horloges
Premièrement, la rotation plus lente ou plus rapide de la planète affecte nos horloges. L’heure sur laquelle nous organisons nos jours et nos nuits, correspond au temps universel coordonné (UTC). Cette échelle de temps est un compromis entre le temps atomique international (TAI), stable et indépendant de la rotation de la Terre, et le temps universel (TU), variable puisque directement lié à la rotation de la Terre.
Depuis l’introduction de la seconde intercalaire en 1972, environ 27 secondes ont été ajoutées dans nos horloges. Autrement dit, le temps universel a été mis à jour 27 fois. L’objectif de ces secondes intercalaires est d’ajuster l’UTC avec la rotation réelle de la planète. Ces “secondes intercalaires” ne sont pas à négliger car, en plus de changer notre “temps”, elles pourraient avoir un impact sur nos serveurs Internet
Des systèmes informatiques déboussolés
Ce temps universel coordonné constitue la colonne vertébrale d’Internet. S’il n’est pas stable, c’est tout un système qui pourrait s’effondrer. Ou du moins, être perturbé. La suppression ou l’ajout d’une seule seconde peut avoir un effet ricochet sur l’ensemble du système, en provoquant des interruptions dans la circulation des données.
La seconde intercalaire a une incidence sur nos systèmes informatiques, nos logiciels et nos réseaux. Ces derniers se basent sur des minuteries ou des programmateurs bien précis pour programmer des opérations, comme l’ajout de données dans une base de données, un procédé d’authentification ou un archivage. Ainsi, ces “sauts temporels” ont plusieurs fois fait buger des programmes et disparaître des données, en raison des horodatages déréglés dans le stockage des données. Par exemple, en 2012, le changement de seconde intercalaire a provoqué la mise hors ligne de Reddit, le site est resté inaccessible pendant 30 à 40 minutes. Parmi les autres victimes, on trouve Mozilla, LinkedIn, Yelp et BuzzFeed. Un peu plus tard, début 2017, un problème de seconde intercalaire chez Cloudflare a provoqué l’arrêt des serveurs de certains de ses clients.
Une lutte contre la “seconde de plus”
Face à ce constat, plusieurs acteurs du Web ont décidé de mener un combat pour supprimer ces secondes ajoutées. Le 25 juillet, Meta, la maison mère de Facebook, a d’ailleurs publié un billet de blog à ce propos. “Alors que la seconde intercalaire aurait pu être une solution acceptable en 1972, lorsqu’elle faisait le bonheur de la communauté scientifique et de l’industrie des télécommunications, de nos jours, l’UTC est également mauvais pour les applications numériques et les scientifiques […]”, peut-on lire. Selon Meta, il serait grand temps d’introduire de nouvelles technologies pour la remplacer.
Dans leur billet, les ingénieurs écrivent leur soutien envers une initiative communautaire plus large visant à empêcher l’introduction future de secondes intercalaires. Et donc, à maintenir le niveau actuel de 27.